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Partage sur mon récent arrêt de travail

De Sarah Servant  •   4 minute de lecture

Partage sur mon récent arrêt de travail

J’allais débuter cet article personnel en revenant sur ma dernière année scolaire, mais il serait plus juste de faire un plus grand saut dans le passé.

Quand je suis partie à l’aventure pour le Cégep François-Xavier-Garneau, à 17 ans, j’ai traversé une période assez difficile. Quitter la Gaspésie pour m’installer dans un appartement à près de 500 kilomètres de ma famille, de mes amis et de mes repères n’a pas été simple. L’anxiété m’a envahie à un point où je me sentais comme claustrophobe, peu importe où je me trouvais : en classe, dans l’autobus, dans une file d’attente… Ceux qui savent, savent.

Cependant, avec le temps (et un déménagement précipité au CÉGEP de Matane après ma première session), j’ai appris à développer plusieurs stratégies pour mieux gérer cette émotion, qui peut devenir si envahissante dans les moments difficiles.

L’année scolaire dernière a été riche en émotions. Pour de nombreuses raisons, j’ai dû relever de petits et grands défis, tant au travail que dans mes engagements bénévoles. Étant quelqu’un qui carbure à la création, aux projets et aux nouvelles idées, j’ai tendance à jouer avec l’élastique de mon énergie. Je l’étire, encore et encore, jusqu’à ce que je doive revenir doucement en arrière, lorsque je me sens trop fragile. Les bienfaits de mes passions me font souvent oublier une vérité essentielle : ce n’est pas parce qu’on peut et qu’on veut faire quelque chose qu’on doit le faire (est-ce qu'il y a un tatoueur à l'écoute qui pourrait m'écrire cette phrase à quelque part? haha!).

C’est ainsi que, tranquillement mais sûrement, j’ai terminé l’année scolaire dans un état de fatigue extrême. En mai, je débutais mes journées épuisée et j’avais besoin de dormir à tout moment. Pourtant, il était hors de question de ne pas terminer l’année. "Il ne reste qu’un mois...Je pourrai me reposer après." (Erreur de débutante ici)

La fin de l’année est enfin arrivée, avec la promesse d’un repos réparateur. Mais c’est plutôt un été en montagnes russes qui m’attendait. Je n’avais plus d’énergie, et surtout pas celle nécessaire pour contenir cette fameuse anxiété qui, à différents moments, nous accompagne tous dans nos vies.

Une simple sortie à quelques kilomètres de chez moi me remplissait d’appréhension. Je me sentais de retour à la case départ : claustrophobe face à tout.

''Dans un miroir trop grand pour moi, j'ai vu mes yeux baigner dans du liquide. Je n'ai pas cru d'abord, en mon chagrin, d'autant que je ne pleure plus jamais. Mais en fouillant juste un peu plus, j'ai trouvé des motifs bien assortis et des raisons plus qu'intéressantes pour comprendre ce qui m'arrive'' (Daniel Bélanger)

Entêtée et déconnectée j'imagine, j’étais déterminée à reprendre le travail en septembre, mais il était clair que je n’étais pas prête. Ce fut une décision difficile, car j’adore cette période de l’année, mais j’éprouve une grande fierté en réalisant que j’ai fait le bon choix pour moi à ce moment-là. De plus, j'ai eu un soutien impeccable de ma direction et mon entourage. 

Lorsque mes enfants et mon amoureux (lui aussi enseignant) ont repris le chemin de l’école, un grand vide et un vertige se sont installés en moi. Jour après jour, pourtant, j’ai recommencé à me reconnecter à mon "moi", cette partie de moi-même que j’oublie si souvent.

Tous les jours, je suis allée marcher en forêt avec ma chienne. Je suis allée marcher sur la plage. J’ai pris le temps d’observer les phoques. Je me suis acheté un vélo et j’ai roulé le long du fleuve, accompagnée par le vent frais de la mer. J’ai peint. J’ai dormi. J’ai pris le temps. J’ai écouté et réécouté l’excellent album Rêver Mieux de Fanny Bloom. Et doucement, je me suis recentrée. J’ai réparé les morceaux abîmés.

''Je crois qu'on revient mieux, après le départ de soi-même'' (Daniel Bélanger)

Bien entourée de mes amis, de ma famille et de ma fidèle chienne, j’ai pris le temps. Et j’en suis profondément reconnaissante.

En mai, au plus fort de ma fatigue, j’ai planté des graines de tournesols. Ils ont fleuri tout l’été, et à l’automne, juste avant mon retour au travail, je suis allée déposer ces fleurs dans la forêt où j’avais tant marché. J'ai croisé plusieurs écureuils pendant mes marches quotidiennes! Ce petit rituel m’a fait du bien. Il m’a permis de boucler la boucle de cette période qui restera marquante dans ma vie et qui m'accompagne encore. (PS à mon ami tatoueur imaginaire, j'ajouterais un tournesol!)

Vous connaissez comme moi les défis de l’enseignement. J’espère que vous arrivez à vous offrir du temps de qualité, à respecter vos limites, et à trouver un équilibre pour vous sentir heureux et épanoui. 

Je partage mon histoire, car je sais que nous sommes nombreux à vivre avec une fatigue constante et à jongler avec les émotions qu’elle entraîne. La passion rime souvent avec surmenage, et c’est définitivement un défi auquel je devrai rester attentive dans les années à venir.

P.S. :

Si tu es en arrêt de travail et que tu en as assez d’entendre que "le temps arrange les choses", sache que je te comprends. Moi aussi, en juillet, j’aurais tout donné pour que ça passe plus vite. Mais le temps ne se contrôle pas, mais finit par faire son œuvre. Il guérit et répare, à son rythme.

Merci à mes amis et ma famille. Votre absence de jugement, votre compréhension et votre bienveillance infinie m'ont portée jusqu'à l'automne.

Merci à mon éternel amour, Guillaume, pour tout.

Merci aux psychologues de ce monde et quelle tristesse que ces ressources ne soient pas facilement accesibles pour tous!

Merci aussi à ma collaboratrice qui m'a permis de souffler en prenant le relais de quelques tâches en lien avec Créations Carotine pendant un moment.

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